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28 novembre 2011 1 28 /11 /novembre /2011 08:22

Intouchables-Eric-Toledano-Olivier-Nakache.jpgRéalisé par Eric Toledano, Olivier Nakache en 2011, avec François Cluzet, Omar Sy, Anne Le Ny, etc.

 

Philippe, très riche tétraplégique, recrute contre tout rationnel apparent, Driss, un jeune noir de banlieue, pour l’assister dans sa vie quotidienne. Dès l’entretien d’embauche, le ton s’affiche sans ambages comme sans pitié : l’opposition éclate entre le gars de la cité à peine sorti de prison, jean et sweat à capuche, et les professionnels de l’aide à domicile, diplômes en poche et discours faussement compassés.

 

Tout le film joue évidemment sur la sincérité et le naturel de Driss, dans un monde où le handicap et l’aisance financière se conjuguent plutôt avec l’affectation, le calme, la règle, la bienséance. Vivaldi s’oppose à Earth Wind and Fire, le noir au blanc, la richesse au dénuement, la vivacité à l’immobilité, la considération à la pitié, le rire à au sourire guindé, l’aérien au terre-à-terre.

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 Le respect pour la vie sourd de toutes les scènes de cette comédie, car c’en est une et une efficace. On rit sans arrière-pensée aux répliques vives sans se demander si le politiquement correct, maladie dégénérative de notre société, nous le pardonnera. Le handicap est affiché dans sa véracité et dans son humanité et le film ne sombre jamais dans le misérabilisme ou dans le pathos.

 

Bien sûr, si je m’imaginais quelque seconde en pisse-vinaigre, je trouverais nombre de clichés, je réprouverais la scène finale, je trouverais trop facile cette construction où l’opposition systématique tient lieu de scénario. Mais foin d’esprit chagrin ! Je me suis beaucoup amusé dans ce film porté sans faiblesse par un Omar Sy très juste et un François Cluzet remarquable, comme souvent.

 

Ce film mérite bien son succès de billetterie !

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20 octobre 2011 4 20 /10 /octobre /2011 08:19

The-Artist---Michel-Hazanavicius.jpgRéalisé par Michel Hazanavicius en 2011, avec Jean Dujardin, Bérénice Bejo, John Goodman … et un chien.

 

En 1927, George Valentin remporte tous les succès. Cet acteur du cinéma muet triomphe dans des rôles où l’expressivité de son visage arrache des rires et des larmes à des salles de spectateurs joliment habillés (en 1927 on s’habillait bien pour sortir au cinéma, les dames chapeautées et les messieurs encravatés). L’orchestre sonorisait en direct le spectacle.

 

Le film se situe au début d’une révolution quand arrivent les premières bobines de cinéma parlant ; George Valentin ne saisit pas que cette nouvelle technologie va renvoyer très vite le muet dans les oubliettes du cinéma. Il s’entête, sombre et regarde impuissant l’ascension de Peppy Miller cette actrice qu’il a découverte et propulsée sur le devant de la scène.

 

1h40 de cinéma muet et en noir et blanc, le pari était pour le moins audacieux à l’heure de la 3D. Pourtant ce film magnifié par une bande son qui lui est toute dévouée, nous plonge avec délices dans ce temps, pas si lointain somme toute, où les acteurs ne pouvaient compter que sur leur propre talent pour apporter de l’évasion aux spectateurs. A part quelques minutes d’ennui vers le milieu du film, j’ai adoré cette image léchée aux contrastes savamment dosés et cette mise en scène précise.  Plus qu’un hommage aux films des années vingt, c’est une création dont la place dans ce début de millénaire apparaît comme une évidence.

 

Les acteurs délivrent une prestation exceptionnelle : Jean Dujardin, Bérénice Bejo, James Cromwell en chauffeur / majordome délicieux ; sans oublier le chien qui mériterait presque un prix d’interprétation.

 

Chapeau l’artiste !

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17 octobre 2011 1 17 /10 /octobre /2011 08:17

drive-nicolas-wending-refn.jpgRéalisé par Nicolas Winding Refn en 2011 avec Ryan Gosling, Carey Mulligan, Bryan Cranston, etc.

 

Un homme solitaire, cascadeur le jour et conducteur pour des malfrats le soir, décide de venir en aide à sa voisine une jeune femme (Irene) et son fils. Si nous apprendrons qu’il travaille pour un garagiste automobile depuis 5 ans, son passé plus lointain restera caché. Cet homme sans nom va affronter une organisation de malfrats aux méthodes expéditives et il prouvera qu’il possède certaines ressources que la réparation des voitures, seule, ne saurait lui avoir conférées.

 

Il y a du Clint Eastwood dans ce personnage ; un homme solitaire, serein, poursuivant son chemin sans se laisser distraire. Héros quasi hiératique comme dans « Pale Rider » ou plus misanthrope et vengeur dans Gran Torino, le pilote demeure impassible et déchaîne sa violence sans en paraître affecté. Avec un peu plus de cinéphilie, j’aurais sans doute reconnu davantage de clin d’oeils aux films du genre ; qu’il me suffise de rappeler à ceux qui se souviennent de la poursuite dans mes canaux asséchés de Los Angeles entre un Terminator sur sa moto et son ennemi, qu’ils pourront parfaire leur mémoire.

 

La bande originale ponctue avec force ce film qui tient en haleine jusqu’à la dernière image. Il est interdit au moins de 12 ans pour des séquences sacrément violentes ; on se prend à se dire que penser que ça ne choquera pas les gamins de 12 ans en dit autant sur notre société que bien des études sociologiques. Parfois, il est vrai, la salle se partageait entre ceux qui fermaient les yeux (et qui le racontaient à la sortie) et ceux qui gloussaient de certains bruits ou de certains jets rougeoyants !

 

Un film qui vaut le déplacement.

 

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29 août 2011 1 29 /08 /août /2011 08:13

La-piel-que-habito---Pedro-Almodovar.jpgRéalisé par Pedro Almodóvar en 2011, avec Antonio Banderas, Elena Anaya, Marisa Paredes, etc.

 

Depuis le décès de sa femme consécutif à de très graves brûlures, Robert Ledgard, chirurgien esthétique, poursuit des recherches sur la peau artificielle. Il annonce enfin sa réussite dans des conférences, une peau génétiquement modifiée, plus résistante que la peau humaine. Succès chèrement payé : le chirurgien tient enfermé une jeune femme sur laquelle il expérimente ses créations de peaux, contre toute déontologie. Une étrange fascination relie le médecin et cette prisonnière qui semble éprouver une passion pour celui qui la maintient cloîtrée tout en étant traversée par des pulsions suicidaires.

 

Ce thriller efficace baigne dans une lumière froide et pesante. La formidable musique (il ne s’avère pas si fréquent que j’ai envie de réécouter la BOF) sert parfaitement le scénario peuplés de savoureux rebondissements. Le réalisateur espagnol adapte dans ce film le livre de Thierry Jonquet, Mygale, que je n’ai pas lu – donc pas de comparaison saouvent en défaveur du film !

 

Le cinéma d’Almodovar est peuplé de références au corps, à la sexualité, à la transsexualité, aux rapports hommes-femmes. La piel que habito ne fait pas exception ; ces thèmes sont disséqués jusqu’à une forme de folie. Comment cette peau, notre apparence, peut nous être à la fois si proche et parfois étrangère ; constitue-t-elle notre réalité, notre essence ou pouvons nous conserver notre identité dans une autre peau ? De nombreuses allusions à la peau parsèment les séquences.

 

Les seconds rôles affichent une remarquable épaisseur : Je ne citerai que la gouvernante (mais n’est-elle que cela ?) et l’homme vêtu d’un costume de tigre !

 

Un bon film, sans aucun doute, avec d’excellents acteurs, qui aurait à mon humble goût pu davantage insister sur le suspens psychologique et sur l’angoisse pour en faire une référence du genre.

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22 août 2011 1 22 /08 /août /2011 08:10

Réalisé par Lars von Trier en 2011, avec John Hurt, Kirsten Dunst, Charlotte Gainsbourg, etc.

 

Melancholia---Lars-von-Trier.jpgDans les 5 premières minutes très belles, Lars von Trier nous montre la fin du monde, la terre rentrant en collision avec Melancholia, grosse planète bleuâtre. La musique Wagnérienne de Tristan et Yseult renforce avec grandeur le symbolisme de ces premières scènes.

 

Retour en arrière – 2 jours avant l’apocalypse : Justine, publicitaire talentueuse et déprimée, se marie dans le château de sa sœur Claire. Sous les paillettes et des smokings, les fissures se font jour dans cette belle cérémonie et Justine sabote sa soirée ; il y a quelques beaux portraits – la mère irascible et désabusée, le beau-père et patron qui mérite ce qu’il lui arrive !

 

La seconde partie du film se concentre autour de Claire ; opposée de sa sœur, dynamique, énergique ; le choix du prénom enfonce un gros clou, bien visible, face à la mélancolie de Justine ! Melancholia approche et Justine qui n’a plus rien à perdre, retrouve plus de sérénité ; de toute façon elle est convaincue qu’aucune autre vie n’existe dans l’univers et que la vie sur Terre ne mérite aucune indulgence. Claire, par contraste, a tout à perdre - ses petits bonheurs, son mari, sa sœur et surtout son fils, Léo – et le film montre sa réaction et ses tentatives pour échapper à l’inéluctable.

 

Le film est construit sur cette opposition des personnalités sororale et s’il y a de belles scènes (j’ai bien aimé la toute dernière, celles des montgolfières et le ‘mesureur’ d’approche de Mélancholia) et il y a aussi des longueurs (la première partie m’a ennuyé et si j’avais eu une montre je l’aurais consultée plusieurs fois) et des invraisemblances (l’approche de Melancholia ne perturbe en rien la fête et n’est dans aucune conversation, la communauté scientifique qui prévoit l’évitement et non la collision).

 

La réussite du film tient, pour moi, au choix d’aborder la fin du monde à travers les réactions de deux femmes et non pas comme un film catastrophe à l’américaine. A part ça, je suis quand même resté sur ma faim avec un symbolisme parfois lourdaud et une réflexion un peu courte. En plus les tressautements quasi permanents de caméra m’ont ennuyé : la caméra à l’épaule, ça a peut être une délicieuse connotation dogmatique mais ça lasse !.

 

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2 juillet 2011 6 02 /07 /juillet /2011 07:57

Une-separation---Asghar-Farhadi.jpgRéalisé par par Asghar Farhadi en 2011 avec Leila Hatami, Peyman Moadi, Shahab Hosseini, etc.

 

Le synopsis d’Allociné indique : "Lorsque sa femme le quitte, Nader engage une aide-soignante pour s'occuper de son père malade. Il ignore alors que la jeune femme est enceinte et a accepté ce travail sans l'accord de son mari, un homme psychologiquement instable…"

 

La critique professionnelle a encensé ce film iranien ; cette nationalité ne le prédisposait-il pas aux louanges tant faire du cinéma en un tel pays s’apparente à un acte de liberté ?

 

Le film est centré sur ce couple qui se sépare, la caméra les suit à hauteur de visage, délaissant les interlocuteurs pour l’étude des émotions, des mouvements de sourcils, des bouches et une profondeur des regards. Le réalisateur parvient à nous faire croire en cette histoire et en la vision de deux groupes sociologiques qui se confrontent, chacun restant cohérent dans son univers.

 

J’ai regretté le début du film, long, très long, avant que l’intrigue proprement dite prenne corps. J’avoue m’y être ennuyé, bougeant sur le siège, regardant autour de moi, jouant avec mes doigts ; puis l’histoire m’a absorbé. Je me suis plu à imaginer la fin, à regarder le couple musulman très pratiquant appliquer à la lettre les préceptes (l’aide soignante téléphone même à un comité religieux pour savoir si elle peut nettoyer un vieillard incontinent) qui les enfermeront puis libérerons paradoxalement la vérité. Le couple moderne, bourgeois, fier de sa culture et de son ouverture d’esprit vacille face au souhait d’exil de la femme ; la vérité lui sera cependant tout aussi dure à reconnaître.

 

A l’écran l’image semble sortie d’une pellicule vieillotte, les couleurs sont ternes, la définition pauvre. A l’heure du numérique et de ses parfaites et froides images, certains films conservent encore les joies d’un analogique de naguère mais parfois on se dit que, quand même, la nostalgie ne justifie pas tout !

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9 mars 2011 3 09 /03 /mars /2011 08:16

black-swan-darren-aronofsky.jpgRéalisé par Darren Aronofsky en 2011 avec Natalie Portman, Mila Kunis, Vincent Cassel, etc.

 

Nina est danseuse au New York City ballet, toujours dans les seconds rôles, jamais en haut de l’affiche. Alors quand Thomas Leroy (magnifiquement campé par un Vincent Cassel ambigu à souhait) souhaite monter une nouvelle version du Lac des cygnes, Nina désire plus que tout obtenir le premier rôle. Nina, fragile, craintive, répétant les gestes techniques jusqu’à la perfection, saura-t-elle incarner le cygne noir, parviendra-t-elle à se lâcher et à faire apparaître la féminité, la sensualité et la dramaturgie dont elle paraît pourtant dénuée ?

 

Sur une magnifique musique de Piotr Ilitch Tchaïkovski, dont tout le monde connaît quelques airs (merci la pub !), Nina va se transformer, luttant contre ce corps qu’elle martyrise jusqu’au sang, affrontant dans les regards des autres danseuses la jalousie, l’envie, la haine parfois. Elle vient de loin pourtant, Nina, dans sa chambre rose de petite fille, surchargée de peluches ; elle vit avec sa mère, une ancienne danseuse qui n’a jamais percé, qui la maintient, isolée, dans un cocon protecteur.

 

Ce rôle va bouleverser Nina ; elle voit son double dans les miroirs, elle a des hallucinations d’une totale prégnance. La fille fragile va devoir se débarrasser de ses peurs et de ses fardeaux psychologiques.

 

Dans une sorte de thriller (avec quelques scènes qui pourraient choquer des spectateurs fragiles), Black swan aborde avec talent les thèmes immémoriaux de la danse classique : la jalousie, la mortification des corps par les exercices et la privation de nourriture ; il met aussi en évidence l’éternel combat entre le personnage et celui qui l’interprète – faut-il se perdre pour incarner le rôle ? Face à ses multiples avatars, Nina se dédouble, se métamorphose et se libèrera peut-être dans belle et troublante une scène finale.

 

Une autre façon de critiquer le film aurait été d’aborder le film via les thèmes ressassés, via les caricatures et les poncifs sur la danse et la schizophrénie. Mais cela n’aurait pas rendu honneur au bon moment que j’ai passé.

 

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28 février 2011 1 28 /02 /février /2011 08:36

True-Grit---Ethan-Coen-Joel-Coen.jpgRéalisé par Ethan Coen, Joel Coen en 2011 avec Hailee Steinfeld, Jeff Bridges, Matt Damon, Josh Brolin, etc.

 

Mattie Ross, adolescente de 14 ans, dans cet Ouest américain des années 1870, veut venger la mort de son père. Elle veut que la justice condamne Tom Chaney, qui l’a assassiné pour 2 pièces d’or et qui a fui en territoire indien. Elle va alors engager avec une assurance que sa jeunesse rend admirable, Rooster Cogburn, un US marshall alcoolique et ténébreux, pour 100$. Un autre homme, un Texas Ranger, LaBoeuf, recherche aussi Tom Chaney pour le meurtre d’un sénateur au Texas. Mattie part avec les deux hommes sur la piste de Chaney.

 

Les ingrédients du Western sont bien là : les paysages somptueux, les chevauchées, la rudesse de la vie en plein air, la reconstitution des lieux et des costumes, les pendaisons, les rivières qui séparent les mondes, la rapidité et la précision des tirs comme valeur suprême, la vie qu’on enlève avec facilité.

 

Soutenu par une remarquable bande son, le film nous parle de rivalité et d’honneur, du combat entre les bons et les méchants, de la liberté, de la volonté d’une jeune adolescente plus volontaire et maligne que bien des adultes, de l’importance des chevaux dans la culture américain, de la rivalité entre états après la guerre de sécession. Le film nous parle de pendus haut et court, de médecin vêtu d’une fourrure d’ours, d’un indien qui trafique les cadavres ; si les héros emplissent l’écran, les personnages secondaires se savourent à chaque instant.

 

Jeff bridges campe avec force et justesse un vieux marshall à l’accent somptueux et Hailee Steinfeld convainc en adolescente vengeresse dans un monde d’hommes.

 

Un excellent moment de cinéma.

 

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21 février 2011 1 21 /02 /février /2011 08:35

Incendies-Denis-Villeneuve.jpgRéalisé par Denis Villeneuve en 2011 avec Rémy Girard, Lubna Azabal, Mélissa Désormeaux-Poulin, etc.

 

Dans son testament, Nawal Marwan demande à ses jumeaux Jeanne et Simon de retrouver leur père et leur frère, dont l’existence leur était inconnue, et de leur remettre à chacun une enveloppe. Alors que Simon demeure dans le rejet de la vie de sa mère, Jeanne s’envole pour le Moyen Orient et part sur les traces de ces deux hommes.

 

Dans une enquête qui mêle la recherche de Jeanne et des retours en arrière sur la vie de sa mère, dans un pays ravagé par la guerre entre les factions chrétiennes et musulmanes, le film entremêle de magnifiques séquences dans les paysages désertiques ou dans les villages aux murs blancs et les scènes dont la violence doit à peine rendre compte de la réalité du conflit.

 

Le Liban n’est jamais mentionné mais la guerre entre les communautés religieuses qui longtemps ensanglanta le pays, dans une incessante suite de massacres et de représailles, sourd de chaque image. En n’explicitant pas le conflit, le réalisateur le rend universel et donne à réfléchir sur l’absurdité de ces guerres de territoires, de pouvoir souvent basées sur une appartenance ethnique ou religieuse. Il faudra bien un jour s’interroger lucidement sur le rôle de la religion dans le développement de l’Homme, à la fois éclairante et massacrante.

 

Dans ce voyage initiatique, le réalisateur aborde avec force des thèmes intemporels et peut s’appuyer sur deux actrices formidables. Dommage cependant que la fin tende au grandguignolesque et affaiblisse le propos du film. A moins que Denis Villeneuve n’ait voulu nous donner à voir une version moderne d’une tragédie grecque : car l’intrigue en a tous les ingrédients. L’archétype de la tragédie grecque est Antigone de Sophocle : Œdipe tue Laïos, son père, épouse Jocaste sa mère, et donne naissance avec elle à quatre enfants. 2500 ans après Sophocle, la tragédie grecque a donc encore de beaux jours devant elle.

 

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17 janvier 2011 1 17 /01 /janvier /2011 08:23

Meme la pluie Iciar BollainRéalisé par Icíar Bollaín en 2011, avec Gael García Bernal, Luis Tosar, Carlos Aduviri, etc.

 

Une équipe vient tourner dans un village bolivien un film sur la prise de contrôle d’une population d’indiens Quechua par les conquistadores espagnols : ces derniers imposent un impôt d’un grelot d’or, convertissent et tuent les autochtones sans remords. Costa, le producteur, et Sébastian, le réalisateur, engage à des tarifs locaux très faibles, un nombre important d’indiens.

 

Au même moment dans le village qui accueille le tournage, la population indienne se révolte contre l’augmentation de 300% du prix de l’eau sous contrôle d’une société étrangère. Même l’eau de pluie ne peut plus être recueillie par les indiens. L’un des meneurs de la révolte tient aussi un important rôle dans le film, Hatuey.

 

Le parallèle entre l’oppression dont sont victimes les populations indiennes à 500 années d’écart ne peut que rappeler combien les injustices perdurent, combien certains subissent plus régulièrement que d’autres le poids de la vilénie, du lucre et du besoin de pouvoir des autres. L’espoir parfois se tient au bout d’une révolte ; une bataille peut se gagner mais la victoire finale semble tout de même bien loin. Une collision de l’actualité avec la révolte en Tunisie montre que la plupart des oppressions finissent par finalement céder à une révolte soutenue et souvent baignée d’une pluie de sang. Aucun régime, aussi autoritaire qu’il soit n’affronte victorieusement le passage des décennies. Trop fréquemment malheureusement un autre pouvoir, parfois moins visible mais tout aussi puissant, succède au pouvoir renversé.

 

Une fois encore, au-delà des discours, c’est la relation entre deux être humains qui porte l’espoir. Bien sûr la fin surprend peu et on pourrait y déceler des caricatures ou des poncifs, mais le film, dans une narration classique bien maîtrisée, est agréable à voir et, porte les ferments d’une réflexion politique dont les opinions occidentales passives pourraient utilement s’inspirer.

 

J’ai trouvé l’image très réussie, entre la rudesse des scènes de rues, le vert puissant de la forêt et surtout, le gris, le sombre des ciels magnifiquement rendus.

 

En résumé, un bon film.

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