Déjà un an et une quarantaine d'heures. Déjà un an que mon père est décédé, qu’un coup de téléphone attendu et redouté, nous a jeté dans l’après et que le présent a cédé à l’imparfait.
Les années passent et ne se ressemblent guère. Un filleul grandit et souffle dans les rires le passage tant attendu et devient ‘un grand’ ; la mémoire d’un père ou d’un proche hante ceux qui autour d’une superbe glace entonnent le traditionnel Bon Anniversaire -sans sacrifier à l’inutile mode du Happy Birthday- avec une ferveur trahie peut-être par un sourire plus crispé ou par un regard plus humide que d’habitude.
Le temps ne guérit pas la douleur ; les mois ne comblent pas le vide ; les années ne remplacent pas l’absence. Le souvenir de mon père traverse chacune de mes journées depuis sa mort. Pas une seule fois Morphée ne m’a tendu les bras sans que une image, un son, un lieu ou une odeur n’ait, depuis le matin, ressuscité sa présence.
Bien sûr, en apparence, la blessure semble avoir cicatrisé grâce au baume d’un Chronos miséricordieux. On évite d’en parler comme pour ne pas réveiller le chagrin ; on fait parfois semblant ; dans la vérité d’une conscience intacte on sait cependant que le manque survit à la succession des jours.
Je vous invite à relire ce que j’avais alors écrit : Du fils au père.