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Langage Stéphanois

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30 avril 2011 6 30 /04 /avril /2011 08:34

Déjà un an et une quarantaine d'heures. Déjà un an que mon père est décédé, qu’un coup de téléphone attendu et redouté, nous a jeté dans l’après et que le présent a cédé à l’imparfait.

 

Les années passent et ne se ressemblent guère. Un filleul grandit et souffle dans les rires le passage tant attendu et devient ‘un grand’ ; la mémoire d’un père ou d’un proche hante ceux qui autour d’une superbe glace entonnent le traditionnel Bon Anniversaire -sans sacrifier à l’inutile mode du Happy Birthday- avec une ferveur trahie peut-être par un sourire plus crispé ou par un regard plus humide que d’habitude.

 

Le temps ne guérit pas la douleur ; les mois ne comblent pas le vide ; les années ne remplacent pas l’absence. Le souvenir de mon père traverse chacune de mes journées depuis sa mort. Pas une seule fois Morphée ne m’a tendu les bras sans que une image, un son, un lieu ou une odeur n’ait, depuis le matin, ressuscité sa présence.

 

Bien sûr, en apparence, la blessure semble avoir cicatrisé grâce au baume d’un Chronos miséricordieux. On évite d’en parler comme pour ne pas réveiller le chagrin ; on fait parfois semblant ; dans la vérité d’une conscience intacte on sait cependant que le manque survit à la succession des jours.

 

Je vous invite à relire ce que j’avais alors écrit : Du fils au père.

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25 mai 2010 2 25 /05 /mai /2010 08:27

J’ai perdu mon père. Quelques semaines d’errance dans les limbes de la maladie et l’inattendu, pourtant si souvent imaginé et entrevu pendant ces journées sans lumière et ces nuits sans secours, se produit. Implacable destinée qui nous plaque violemment au sol, d’une telle force que jamais semble-t-il nous ne pourrons nous relever, remarcher (adieu pensée même de courir) sans tituber, sans heurter la surface rocailleuse en laquelle cette disparition a transformé le moindre des chemins herbeux.

 

J’ai perdu mon père. Il est mort, il est décédé, il a trépassé, il a succombé, il a péri ; Il ne s’est pas envolé, il n’est pas parti, ni monté au ciel. Il n’a pas quitté un monde de souffrance pour un paradis de douceur et de bonheur.  Il n’est pas passé dans un au-delà de fontaines de miel. Il n’a pas rendu l’âme à son Créateur ni été rappelé par Lui. Il n’a pas disparu dans un trou noir dont on ne revient pas. Il ne s’est pas éteint comme une chandelle votive. Enfin, peut-être, lui seul le sait maintenant.

 

J’ai perdu mon père. Il n’a pas crevé, ni cassé sa pipe (je crois bien qu’il n’en n’a jamais fumé), il n’a ni calanché, ni clamecé (il préférait le gaga à l’argot). Il n’a pas cané, ni claqué, ni claboté (il avait un sens de l’esthétisme). Il ne mange pas les pissenlits par la racine (il aimait trop les barabans). Il n’a pas passé l’arme à gauche (il était pas un va-t-en-guerre). Il n’a pas avalé sa chique (il avait fumé mais point chiqué). Il n’a pas avalé le bouillon de onze heures (il buvait parfois une tisane de tilleul, mais vers vingt-deux heures).

 

J’ai perdu mon père. Il a cessé de vivre ; son pronostic vital n’est désormais plus engagé puisqu’il a trouvé la mort (en la saluant, j’imagine, d’un retentissant je te hais camarde !). En passant de vie à trépas, en allant ad patres il s’est retiré dans nos souvenirs.

 

Il y a tant de mots pour exprimer la mort et si peu pour la naissance ou la vie. Il y a tant d’expressions pour dire cette tragique et irrémédiable séparation. Quand la mort survient, quand elle frappe un proche, quand elle tue un père, aucun de ces innombrables mots ne saurait pourtant refléter l’intensité de la douleur et de la peine ressenties.

 

J’ai perdu mon père. Je le retrouverai chaque jour dans ma mémoire.

 

 

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