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14 octobre 2009 3 14 /10 /octobre /2009 09:19

Ce premier roman de Patrick Leplec navigue entre la politique fiction et l’essai politique.


Nous sommes à l’automne 2011. Stéphane Barenczi, président de la République Française, voit s’approcher le terme de son premier quinquennat. Chaque jour, en se rasant, l’obsession de sa propre grandeur le taraude. Sa réélection laisse peu de doute tant il a réduit à néant l’opposition politique et a mis sous l’éteignoir les protestations sociales et humanistes. La trace qu’il laissera en France et dans le monde l’obsède bien davantage ; il veut que son nom emplisse les livres d’histoires. Rien ni personne ne m’arrêtera met en scène la stratégie du Président pour atteindre cet objectif.


Le lecteur attentif de cet article n’aura p as manqué de remarquer la proximité sonore entre Barenczi et le patronyme de notre actuel président. Il aura noté que 2011 constituera aussi la fin de son quinquennat. La clef du roman apparaît comme une évidence et l’ombre de Nicolas Sarkozy ne disparaîtra plus.


Je trouve que la saveur de ce livre tient pour beaucoup en ce qu’il a été terminé au printemps 2006, soit un an avant l’élection du locataire actuel de l’Elysée. Or, il m’a semblé voir défiler une part de l’histoire de ces 18 derniers mois. La prescience de l’auteur confine au miracle : j’hésite à faire de Patrick Leplec un de ces fameux auteurs de story telling qui mettent en scène la vie du Président Sarkozy ou à les soupçonner de s’être inspirés de ce roman.


L’auteur avait imaginé, par exemple, le divorce de Barenczi après son élection et son union avec une artiste. Il avait anticipé l’utilisation des faits divers pour créer des lois surfant sur l’émotion. Il avait prévu les ruines du parti socialiste et la guerre des chefs. La réflexion politique nous entraîne aussi sur le rôle de la presse, sur la réforme du contrat de travail et sur l’accroissement des pouvoirs du gouvernement.


Je considère toutefois que le cœur du roman s’articule autour de la manipulation de l’opinion : créer un fait de toutes pièces afin de légitimer les actions qui en découleront. Ce thème a fait l’objet de nombreuses publications : l’exemple type en est l’action du Président Roosevelt soupçonné d’avoir sciemment laissé se produire l’attaque japonaise sur Pearl Harbour pour influencer une opinion qui était alors majoritairement contre l’entrée en guerre des Etats Unis. Dans le même ordre d’idée, on pourrait se demander si la police ne laissait pas parfois volontairement les banlieues s’enflammer pour justifier les lois répressives.


Côté scénario, Patrick Leplec ne fouille pas la psychologie de ses personnages; les caractères sont taillés dans le marbre. Les méchants ne bénéficient d’aucune once d’humanité et les bons, de gauche cela va sans dire, reçoivent les quelques rais de lumière de ce monde de 2011. La manipulation centrale semble abracadabrantesque. L’auteur n’évite pas, non plus, la traditionnelle scène de sexe (somme toute assez facile, elle ne restera pas dans les annales), comme s’il imaginait déjà l’effet qu’elle produirait dans une bande annonce. Tant qu’à hésiter entre l’essai et le roman, ce livre aurait gagné à une meilleure fluidité entre le romanesque et les réflexions politiques.


Patrick Leplec écrit avec clarté et sans affectation ; son roman se lit facilement et, au-delà de la gourmandise liée aux fulgurantes anticipations de l’auteur, il incite le lecteur à la réflexion sur des thèmes profonds qui agitent et parfois sapent notre société. Je vous recommande la dégustation de Rien ni personne ne m’arrêtera ! Voir le blog de l'auteur.


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commentaires

C
<br /> Peut être qu'après cela je porterais plus d'intérêt à la politique ! J'admire que l'on puisse écrire sur de tels sujets.<br /> <br /> <br />
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