Allongé dans le blé encore vert, je pense à la colère du paysan qui trouvera, demain, une longue trace de tiges écrasées menant au cœur de son champ.
Imaginer ses exclamations excédées et ses récriminations contre la jeunesse sauvageonne et irrespectueuse du travail m’enchante.
Peut-on goûter moment de plaisir plus intense que l’abandon de soi au cœur d’une nature domestiquée ? L’agriculteur maugréant pourrait-il comprendre l’acte libérateur et artistique que j'ai commis?
Ravi de l’éphémère bonheur que je viens de connaître, je marque ma sortie du champ d’une nouvelle longue et sinueuse trace. Je sifflote, détendu, un petit air joyeux que les pinsons, apercevant du ciel, le dessin que je laisse dans le blé, reprennent avec force et semble-t-il avec gratitude.
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