Comment moururent Franz et Elena, les grands-parents paternels de Pierre, le narrateur du roman ? Journaliste, grand reporter, Pierre arpente le globe, principalement les régions de conflits (Sierra Leone, Liberia) ou celles frappées par les inondations. Il va partir en Tchétchénie, tenter de retrouver ce qu’ont pu ressentir ses ancêtres.
Lev Rotko, le père de Pierre, juif russe ayant fuit l’Ukraine juste avant la mort de Staline, était encore un enfant lorsque ses parents le confièrent à une famille amie, sentant leur vie en danger face à l’avancée des nazis. Marié à une Française, Lev coula une chape de plomb sur son enfance et sa famille. Dix jours avant de se suicider, il se confie à Pierre et lui raconte l’histoire de cette période troublée.
Les révélations de son père sont un électrochoc et le narrateur part à la recherche de son démon, de cette part d’incertitude qui hante sa vie. Sa passion pour les inondations ne serait-elle pas issue de la même quête : découvrir comment réagissent les gens lorsque leur vie sont balayées par les éléments ?
Le roman possède un souffle qui nous entraîne dans l’histoire de ces 60 dernières années. Je n’ai pu m’empêcher de penser à Zone de Matthias Enard ; mais là où se dernier étalait son érudition d’une seule traite avec un style taillé pour les prix littéraires, Thierry Hesse nous offre un ensemble de petites histoires, non dénuées de réflexions.
On y côtoie, par exemple, les juifs d’Ukraine avant les Einsatzgruppen, la mort de Staline, l’organisation locale du parti Communiste, l’attaque des tours jumelles le 11 septembre 2001 et la prise d’otages par des tchétchènes dans un théâtre de Moscou. Pierre entrevoit dans le conflit en Tchétchénie une similarité avec ce que Franz et Elena ont du vivre. Un peuple sous le joug d’un autre, les bombardements aveugles des autorités russes, le fatalisme des habitants.
Je vous recommande chaudement ce livre.
Cliquer ici pour consulter les autres livres / auteurs de ce blog.