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Langage Stéphanois

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24 janvier 2009 6 24 /01 /janvier /2009 18:05

Les enfants sont couchés ; enfin ! La vaisselle propre s’égoutte lentement. La table, débarrassée de ses miettes, accueille la corbeille de fruits. Une mélopée entêtante du sud de la Chine emplit le salon.

 

L’eau frémit et je la verse dans la théière. J’y ajoute le mélange ‘Thé du Hammam’ que je laisse infuser trois minutes avant de précautionneusement remplir une petite tasse. Cette soirée m’appartient, personne ne me dérangera. J’ai même débranché le téléphone qui ne sonne pourtant plus depuis plusieurs saisons.

 

La première sensation de ce thé coulant dans ma gorge me ravit. Après plusieurs années de découvertes des jardins les plus purs, ce mélange de thé vert aromatisé aux dattes et à la rose excite mes papilles. Je laisse aller ma tête en arrière jusqu’à disparation de la plus fine saveur. Ah, si je pouvais ne plus jamais souffrir.


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23 janvier 2009 5 23 /01 /janvier /2009 12:50

Robin Hobb est paraît-il un auteur majeur dans le monde de la Fantasy. Je ne la connaissais pas même de nom, jusqu’à il y a quelques semaines. J’ai décidé de combler cette lacune, en commençant, naturellement par le premier tome de son cycle de l’Assassin Royal : L’apprenti Assassin.

Dans le royaume des Six Duchés, Fitz est un bâtard du Prince Chevalerie. Alors qu’il est un enfant, élevé par sa mère dans la campagne, son existence et son statut sont portés à la connaissance du roi Subtil.

Malgré l’opposition du Prince Royal, frère de Chevalerie, Fitz reçoit l’éducation due à son rang mais devient aussi le détenteur d’autres pouvoir dont la mise au service du roi laisse présager tourments et manipulations. Burrich, le maître des chevaux et Umbre, personnage savoureux, contribuent à former le corps et l’esprit du jeune Fitz.

Robin Hobb parvient à construire un univers parfaitement cohérent, dans lequel il est aisé de se plonger : sans pouvoir le localiser dans l’espace et donc conduire l’esprit à l’associer à des lieux connus, on peut toutefois l’imaginer dans la période moyenâgeuse, avec sa féodalité, ses attaques de barbares (ici, les pirates rouges) et ses enjeux de pouvoir. L’imagination travaille sans entraves et propose un environnement plutôt axé sur la psychologie des personnages que sur la magie et l’incroyable.

Grâce à une dose minime de fantastique, l’Apprenti Assassin instille un suspens constant, une atmosphère prégnante. On n’en est pas encore à la somptuosité et à la complexité du Seigneur des Anneaux mais ce livre porte de belles promesses.

Je n’ai désormais qu’une hâte, poursuivre la découverte du monde de l’assassin royal et m’attaquer au deuxième tome, mais en anglais cette fois, dès que ma pile de livres à lire (PAL ai-je appris récemment que cela se disait dans le monde du blog) aura baissé.

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20 janvier 2009 2 20 /01 /janvier /2009 13:30

Je vis la nuit. Je n’aime pas le jour.  Je ne saurais pas l’expliquer. C’est comme ça, c’est tout.

 

Petit déjà le rythme scolaire me mettait au supplice. Les maîtres me traitaient de fainéant. Ils ne savaient pas. Je ne voulais pas leur parler. Le soir, je me mettais au lit comme un enfant normal. J’écoutais une histoire sans intérêt de fées et de princes. J’attendais que mes parents s’endorment.

 

Alors je vivais. Je regardais les étoiles quand les nuages le permettaient. J’ouvrais grand la fenêtre. Le froid ne me dérangeait pas.  J’aimais particulièrement les chauves-souris. Leur vol désordonné me fascinait.

 

Il est presque minuit. C’est bientôt l’été. Mes parents ont émigré en Islande. Ma vie est un enfer. Je regarde l’horizon obstinément lumineux. Je suis en colère.Une soif inextinguible vrille ma conscience. Il me faut au plus tôt une carotide et un cou chaud.


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19 janvier 2009 1 19 /01 /janvier /2009 10:20

L’orage venait d’éclater ; nous l’avions attendu toute la journée dans la moiteur de l’été provençal. Les orangeades servies sous le tilleul, que les abeilles et les guêpes avaient enfin délaissé, n’avaient offert que de brefs moments de répit.

 

Les hommes offraient leur torse au regard des femmes en rentrant leur ventre comme pour oublier les années de ripailles. Les jupes volaient et dévoilaient plus que de raison des jambes bronzées.

 

Aux premières gouttes, lourdes et chaudes, toute la famille s’était précipitée dans la maison, en emportant les assiettes vides et les bouteilles à moitié pleines.

 

L’orage fût aussi violent que bref. Pieds nus, je courrais dans la pelouse et bientôt je m’y roulais. J’emplissais tout mon être de cette senteur de terre mouillée. Aujourd’hui, dans cette maison de retraite, l’odeur du désinfectant a remplacé celle de la terre, et pourtant, je la sens encore.


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18 janvier 2009 7 18 /01 /janvier /2009 16:42

Le concept de désir théicole prend ses racines dans le besoin de convier de façon originale un groupe d’amateurs de thé à venir déguster leur infusion favorite. Ces théinomanes travaillent éparpillés au deuxième étage d’un bâtiment quelconque pour concevoir et réaliser de magnifiques projets dont l’audace ne le dispute qu’à l’innovation technologique pour un fier avenir.

Mon espace de travail hébergeant la théière, il me fallait un moyen d’informer mes coreligionnaires en thé que le breuvage dont nous raffolons n’attendait que leurs papilles pour exploser en bouquet de saveurs.

Faire le tour des bureaux ne pouvant s’envisager de manière régulière sans mettre sans doute grandement en péril la santé financière de nos actionnaires, le message électronique (l’email aurait écrit un fainéant et un partisan de nos ennemis héréditaires d’outre Manche, le courriel lui aurait préféré un gardien vigilant de notre langue) s’imposa rapidement. D’un clic, chacun devenait conscient qu’un délicieux moment de partage était à portée de tasse (ou de mug aurait écrit l’anglophile).

Mais que choisir comme sujet de ces messages ?

-          Une formule lapidaire : « Thé », « Le thé est prêt », « T »

-          La description de la variété : « Earl Grey », « Oolong », « Darjeeling », « Sencha »

-          Une information allusive : « C’est l’heure !», «Si cela vous dit … », « Une pause ? »

-          Une formule abstruse : «Caféine en plongeons de bourgeons » 

L’inspiration vint à manquer sous quelques semaines. La routine prenait le dessus.

Un matin, recherchant une façon nouvelle de m’acquitter de cette tâche, je me souvins d’une publicité pour Aubade, la célèbre marque de lingerie. Elle affichait sous chaque nouvelle photo, fort esthétique au demeurant, une leçon telle: «Leçon n° 3 : Placer quelques obstacles sur son chemin» ou «Leçon 53 : l’entraîner dans votre chute».

La décision fût prise et les désirs théicoles naquirent. J’informai désormais que le thé était prêt par un désir que je nommai théicole, à la fois conscient et satisfait de ce néologisme. Je m’imposai en plus que chaque désir commence par un verbe chaque fois différent. Autre contrainte, la rédaction d’un désir ne devait pas prendre plus de quelques secondes afin que ma productivité n’en pâtisse point et que les actionnaires s’empâtassent.

Ces désirs s’inspirent parfois de l’actualité, se basent sur l’humour ou les jeux de mots, font quelquefois appel à la musique de notre langue (Ah les assonances et les allitérations!), résonnent d’une poésie loufoque ou absurde et toujours témoignent de l’envie de l’instant.

Le premier désir théicole fût :

Désir 1 : S'enivrer du parfum ocre de la terre après l'orage

J’ai toujours aimé cette odeur particulière que la campagne possède après un bref orage par une chaude journée. La couleur ocre (et sa proximité sonore avec acre) me parait apte à nuancer ce parfum.

 

 

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14 janvier 2009 3 14 /01 /janvier /2009 08:30

Alain Monnier a publié en 2007 Notre seconde vie, roman savoureux qui décrit les évolutions, dans un univers virtuel, de quelques personnages (avatars). Le titre, transparent, fait référence à Second Life, l’univers bien connu sur internet qui, en 2007, atteignait la notoriété dans le grand public.

Après des livres, pour la plupart réussis, dont l’humour s’ancrait dans les cocasseries de situations sociales actuelles, l’auteur toulousain s’attaque à la vie par procuration que procurent les univers virtuels.  

Eva, Karine et les autres tentent souvent de combler à travers leur avatar les manques de leur vie réelle. La femme renfermée, en surpoids, à l’hygiène douteuse, dans son petit appartement se transformera dans l’environnement de Notre Seconde Vie, NSV, en une créature sexy, sure d’elle et partira à la conquête de beaux personnages masculins.

Le roman pointe aussi clairement qu’au-delà de la virtualisation des échanges et de la perte de sociabilité réels que cela peut engendrer, ces univers virtuels souffrent des mêmes dérives que le monde concret : pouvoir, argent, cabale, fuite, domination, drogue, déviances, meurtre; chacun pourra compléter cette liste à sa guise.

Alors que dans ces jeux, s’exercent une sorte de pouvoir divin, par la modélisation ex-nihilo de tout un univers, la création de personnages et la mise en place de règle, l’évolution naturelle conduit à reproduire les caractéristiques (d’aucuns diraient les tares) de notre monde.

Une fois de plus, grâce à ce roman sans prétention, Alain Monnier m’a séduit.

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12 janvier 2009 1 12 /01 /janvier /2009 09:00

JMG Le Clezio  : prix Nobel de Littérature 2008! La surprise fut totale car d’aussi loin que je m’en souvienne, je n’ai de souvenir de cet auteur ; le désert complet !

Je décidai de combler cette lacune et, sans préjugés, je pris le premier livre qui me tombât sous les yeux.

Ritournelle de la faim, de JMG Le Clézio, se passe dans le milieu de la bourgeoisie de l’Ile Maurice, installée en France, avant la guerre de 39-45. Ethel, l’héroïne, voit les parents, les amis mais aussi les profiteurs se retrouver dans le salon de son père pour de mémorables discussions. Dans ce milieu où Hitler n’a pas que des opposants, elle assiste à la déconfiture de sa famille et en particulier de son père, qui dilapidera l’héritage du seul parent qui ait vraiment compté pour elle.

Après quelques pages où la description du manque de nourriture semble justifier le titre, l’auteur nous entraîne sur une autre faim, celle de l’amitié, celle de l’honnêteté, celle de la volonté de survivre aux revers de l’existence.

Dans un style fluide, Le Clézio parvient à nous émouvoir des hauts et des bas qui jalonnent l’existence d’Ethel . Cela m’a donné envie de découvrir davantage l’univers de notre plus récent prix Nobel.

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11 janvier 2009 7 11 /01 /janvier /2009 18:10

Quelques liens pour le référencement du blog

Boosterblog : http://www.boosterblog.com   



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9 janvier 2009 5 09 /01 /janvier /2009 20:28

A en juger par ce premier roman, Le cœur cousu, Carole Martinez possède un rare talent ; elle sait raconter une histoire.

Frasquita Carasco est née dans un village au sud de l’Espagne et elle hérite de sa mère un don qui insuffle une incomparable beauté aux vêtements qu’elle coud. C’est l’histoire de Frasquita et de sa famille que narre ce livre, de la terre hostile de son village et de la rudesse de ces habitants jusqu’au Maroc ou elle finira par échouer après avoir été jouée et perdue par son mari.

Le cœur cousu se situe à mi-chemin de la saga familiale et de la fable poétique.  Les pouvoirs merveilleux et inexpliqués se transmettent de fille à fille et rappellent les temps anciens, les villages immuables, les clans, les paysans et les seigneurs, la jalousie, la force de ces femmes au tempérament affirmé à la fois enviées et craintes et peut-être détentrice d’une magie, à mille lieux du sorcier à lunettes. Les prénoms des enfants de Frasquita se succèdent, Anita, la mutique, Angela, à la voix d'or, Pedro el Rojo, le dessinateur, Martirio, au baiser mortel, Clara, qui tire son énergie de la lumière du soleil, etc.

Ce livre est un bijou, une rareté, une perle. Il faut certes franchir les premiers chapitres, qui du fait même de la technique narrative, ne peuvent prendre un sens immédiat. Ensuite, les rets ne se relâchent plus.

J’ai goûté ce livre comme un bon mets, savourant chaque ligne, hésitant entre l’envie de le dévorer et le souhait d’en laisser pour le lendemain afin de me délecter de l’envie de le retrouver.

Ce roman a été couronné de nombreux prix. Je lui décerne celui de ma plus belle découverte 2008.
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30 décembre 2008 2 30 /12 /décembre /2008 16:17

Le phénomène se répète à chaque rentrée littéraire, alors que les salles de classes se remplissent Amélie Nothomb publie son nouvel opus. Chaque année, comme pour le Beaujolais nouveau, il y a les fans, impatients, les amateurs, curieux, les snobs, enthousiastes, et la grande majorité qui demande à être convaincue.
 

 Cette année, c'est avec Le fait du prince qu'Amélie Nothomb a rempli les devantures des librairies. Pourtant comme pour le Beaujolais nouveau, si je ne peux m'empêcher de louer la récurrence de l'évènement, son parfait agencement marketing et son accessibilité, je ne peux que regretter l'absence de profondeur et de complexité du produit.

Le fait du prince est un petit opuscule, qu'une ou deux soirées suffisent à parcourir. L'idée de départ est comme souvent chez Amélie Nothomb, originale: Un inconnu meurt chez Baptiste Bordave qui décide d'en prendre l'identité. Il devient ainsi Olaf Sildur en se coulant dans sa vie avec une stupéfiante facilité, dégustant maintes bouteilles de champagne avec sa veuve et régnant sur les biens de la victime.

En ces temps de crise financière la morale de l'histoire ne manque pas d'à propos puisqu'elle affirme que ceux qui possèdent de l'argent et du pouvoir, accèdent à de nouveaux privilèges et des prêts du fait de leur statut et non de leur valeur humaine ni de celle de leurs projets, de part donc le simple fait du prince.

Amélie Nothomb, une fois de plus, démontre sa maîtrise des dialogues qui constituent l'essentiel de l'ouvrage. Cependant, l'originalité de l'idée initiale se transforme assez vite en répétition monotone, et les espoirs conçus dans les premières pages sont déçus. Quant à la fin, je me demande si son seul intérêt n'est pas de justifier le titre du roman. Il est vraiment dommage qu'une fois encore Amélie Nothomb cède à la facilité et bâcle la conclusion du livre. En cela elle fait parfois penser à Jean-Christophe Grangé dont les intrigues brillent mais dont les épilogues simplistes ternissent tout le roman.

Le fait du prince n'est pas un mauvais livre; j'ai passé un agréable moment en sa compagnie, mais j'en suis ressorti frustré par sa superficialité. Comme le Beaujolais nouveau.

Voir aussi :
Les combustibles – Amélie Nothomb
Attentat – Amélie Nothomb
Acide sulfurique – Amélie Nothomb
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