Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Recherche

Langage Stéphanois

Archives

Pages

4 août 2013 7 04 /08 /août /2013 07:34

Tristane-Banon---Le-bal-des-hypocrites.jpgLe 15 mai 2011, Dominique Strauss Kahn, était arrêté dans un avion qui s’apprêtait à décoller de l’aéroport de New York. Accusé d’avoir, dans sa suite 2806, violé Nafissatou Diallo, une femme de chambre de hôtel Sofitel. Cet évènement a tenu en haleine les médias pendant de nombreux mois. Les habitudes sexuelles de l’ex-directeur du FMI furent alors étalées ainsi que son comportement avec les femmes. Des journalistes et des politiques avouèrent alors que c’était connu dans le milieu, que ce n’était pas une surprise, que tout le monde savait.

 

Tout le monde savait peut-être, sans doute, mais aucun ne parlait. Secret bien gardé, frasques tues, comportement agressif celé, jusqu’à ce que les américains balancent en une la photo de celui qu’ils appelleraient le pervers. Alors ces journalistes aussi prompts à pourfendre les sans-grade qu’à se coucher, avilis, devant les puissants dont ils espèrent toujours tirer un bénéfice, un avantage, une prébende, se mirent à raconter, oh bien sûr pas tout, seulement à corroborer ce que d’autres avaient déjà dit. Ce qui était déjà dit mais qui n’avait pas fait la une, c’est par exemple Tristane Banon, dans un dîner un peu arrosé, qui avait confessé qu’elle avait été violée 8 ans auparavant par cet homme.

 

Dans ce livre Tristane raconte les deux mois qui ont suivi ce 15 mai 2011. Elle y raconte l’Affaire, l’agression de l’homme-babouin, le cochon. Elle narre les témoignages de ceux qui savaient et qui pourtant apportent leur soutien à l’homme-babouin, y compris le gros devenu maigre pour la campagne, la parole juste de la dame du Nord, la madone qui pense à la famille brisée de cet homme.

 

Elle raconte les journalistes qui veulent la faire parler, qui lui demandent pourquoi elle n’a pas porté plainte, ceux-là mêmes qui quant elle révéla l’agression, lui conseillèrent de ne pas le faire. Ceux-là qui savaient le comportement de l’homme-babouin et ne parlaient pas s’offusquent maintenant qu’elle ne porte pas immédiatement plainte, considèrent même son comportement suspect. Elle explique ses changements de domicile pour échapper au harcèlement de la meute qui veut vendre du papier. Elle dévoile les SMS, les messages sur les réseaux sociaux.

 

Tristane Banon donne sa vérité, pour survivre, pour surmonter cette agression qui la ronge toujours. Un ton simple, une justesse des sentiments décrits, qui incitent à la croire. Bien sûr certains s’interrogeront sur le pourquoi avoir attendu si longtemps pour porter plainte. Sans doute oublient-ils le courage nécessaire à une telle démarche et que le monde est plein de femmes battues, violées, harcelées, d’hommes esclaves, de victimes qui se taisent et que leurs doutes s’appliqueraient à chacune d’entre elles. La lâcheté n’est pas de ne pas oser porter plainte, c’est de savoir et de ne rien faire, bien calé dans son fauteuil, complices par leur silence des méfaits de ceux qu’ils protègent.

 

Jamais la formule de Talleyrand mise en exergue du livre n’aura paru aussi juste ; « Ceux qui parlent ne savent pas, ceux qui savent ne parlent pas ».

 

Beaucoup savaient. Il n’y a qu’à se souvenir de la blague de Jean Glavany sur DSK : « Un jour DSK arrive au FMI avec un bout de culotte de femme qui dépasse de son col. Ça fait un scandale terrible, les gens disent, ça y est ça recommence, décidément il ne sait pas se calmer. Un collaborateur lui dit, Monsieur, ce n’est pas possible, ce bout de culotte qui dépasse. FSK le regarde et répond, Ah, ça, c’est un patch, j’essaie d’arrêter. » Mais entre le Don-Juanisme et le harcèlement ou l’agression, il y a la même différence entre la séduction et le délit.


Partager cet article
Repost0

commentaires